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    Sunday, December 4, 2005

    Le successeur de René Lévesque appuie un libéral dans Outremont

    Denis Lessard
    La Presse
    Québec

    Les Québécois font face à des défis sociaux et économiques importants et feraient mieux d'y concentrer leurs énergies plutôt que de préparer un quatrième référendum (incluant Charlottetown), estime l'ancien premier ministre péquiste Pierre Marc Johnson.

    Abandonnant un court instant sa " réserve habituelle " dans les débats politiques, le successeur de René Lévesque appuie publiquement le candidat libéral dans Outremont, Raymond Bachand, dans une lettre qu'il a fait parvenir hier à La Presse (voir page A17).

    Selon M. Johnson, l'agenda référendaire du Parti québécois n'est plus de mise.

    " Les acquis extraordinaires de deux générations, en dépit de notre statut constitutionnel imparfait et inachevé, devraient nous amener à dépenser nos énergies collectives non pas sur un quatrième référendum, mais sur des enjeux et des impératifs qui crèvent les yeux ", écrit M. Johnson.

    Avec cette formule, une citation presque mot à mot de la déclaration de M. Bachand le jour de l'annonce de sa candidature, M. Johnson semble trancher d'un trait les derniers liens qu'il entretenait toujours avec la mouvance péquiste- il s'entretenait régulièrement avec Bernard Landry jusqu'à sa démission en juin dernier.

    Mondialisation et productivité

    Selon l'ancien premier ministre, avec la mondialisation de l'économie, la productivité de l'économie québécoise devient un enjeu de premier plan." Notre économie doit être productive si nous voulons maintenir les institutions qui assurent notre solidarité sociale, l'équité entre les générations et l'accès à des services éducatifs et de santé de qualité ", précise M. Johnson.Le développement durable, la créativité culturelle et l'harmonie sociale sont autant d'objectifs qui méritent de recevoir toutes les énergies disponibles.

    Insistant sur les qualités de M. Bachand, un collaborateur de longue date, M. Johnson souligne " qu'il nous faut des gens qui acceptent de servir ". Élu, Raymond Bachand sera un " représentant d'envergure " pour Montréal et un " serviteur passionné " du Québec. Sans mentionner le mot " libéral ", M. Johnson conclut en donnant son appui " sans réserve " pour " qu'il obtienne le mandat électoral qu'il sollicite "."

    Raymond est mon ami depuis 40 ans ", a expliqué hier M. Johnson, joint à son bureau. M. Bachand était l'un de ses principaux conseillers lors de son bref passage comme premier ministre- le candidat libéral est même le parrain de son fils.Pour l'instant, son appui se bornera à cette lettre; il ne compte pas participer à des événements publics en faveur du candidat, a-t-il souligné hier.

    Conséquences politiques

    M. Johnson s'est catégoriquement refusé à commenter les conséquences politiques de sa lettre.

    L'ancien premier ministre, tout comme Lucien Bouchard d'ailleurs, avaient été hués par une poignée de militants péquistes quand leurs photos étaient apparues au grand écran lors de l'assemblée organisée pour clore la course à la direction du PQ, la semaine dernière.La décision de Raymond Bachand de faire le saut comme candidat libéral avait surpris bien des péquistes.

    La prise de position de Pierre Marc Johnson aura l'effet d'une bombe si on se fie aux coups de sonde faits par La Presse hier.M. Johnson s'entretenait encore régulièrement avec Bernard Landry jusqu'à sa démission en juin dernier. C'est d'ailleurs le gouvernement Landry qui l'avait désigné pour occuper un rôle central dans les négociations avec les États-Unis, dans le dossier du bois d'oeuvre.

    Plus récemment M. Johnson avait accepté un mandat fédéral qui a fait sourciller plus d'un péquiste. C'est lui qui était à la tête du comité qui a cautionné les déclarations du juge en chef Michel Robert, qui s'était mis dans le pétrin en soutenant qu'un souverainiste ne pouvait être nommé juge.

    L'appui de M. Johnson à un candidat libéral surprendra bien des anciens conseillers restés dans des postes stratégiques dans les gouvernements péquistes après son départ: Hubert Thibault, Me Charles G. Grenier, Esther Gaudreault, Martine Tremblay, Jacques Fortin, Guy Versailles entre autres.

    Quand Jacques Parizeau était au pouvoir, Jean-François Lisée avait proposé à M. Johnson de présider, pour Montréal, la commission régionale sur la souveraineté. L'ancien premier ministre avait hésité, puis s'était désisté. Marcel Masse avait été nommé à sa place.

    Par ailleurs, M. Johnson avait refusé de prendre publiquement position au référendum de 1995.

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