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    Monday, June 15, 2009

    Plan Marois: le syndrome de l'enfant gâté

    ... de Bernard Amyot, dans La Presse d'aujourd'hui.
    Le «nouveau plan Marois» dévoilé récemment et son slogan «Toujours plus pour le Québec» sont désolants à plus d'un égard.
    Tout d'abord, on ne peut s'empêcher de comparer la démarche à celle symptomatique d'un enfant gâté qui en redemande «toujours plus», sans jamais reconnaître l'apport de l'autre ou encore composer avec les compromis inhérents à la vie en société.
    Sa prémisse de base prend pour acquis qu'il n'y a qu'au Québec que les choses puissent bien marcher et que de nulle part ailleurs puisse surgir le progrès.
    Il est évidemment faux de prétendre que le progrès ne passe que par le seul gouvernement du Québec. Mais plus encore, le plan Marois dénote une incompréhension navrante du Canada et de sa gouvernance.
    D'abord, il occulte l'apport inestimable des francophones à la construction du Canada depuis le Pacte confédératif de 1867. Il fait fi des Québécois qui s'«autodéterminent» à l'intérieur du Canada en s'impliquant quotidiennement au Parlement fédéral depuis plus de 140 ans.
    Les agents de progrès qui ont agi à l'échelon national sont nombreux : de Wilfrid Laurier à Louis Saint-Laurent et de Pierre Trudeau à Jean Chrétien, en passant par Brian Mulroney, pour ne nommer que les anciens premiers ministres.
    Ils ne comptent pas non plus les nombreux anciens gouverneurs généraux, juges en chef de la Cour suprême du Canada, commandants en chef des Forces armées canadiennes provenant de notre province, et qui ont laissé leur marque en participant à l'avancement de nos valeurs démocratiques.
    Cette attitude occulte aussi (volontairement) les avantages incontestables de l'effet de contrepoids («checks and balances») dans une fédération comme le Canada qui font en sorte qu'un palier de gouvernement peut en émuler un autre en cas de projets porteurs ou ralentir les ardeurs d'un autre qui fait fausse route.
    L'assurance-chômage est née de la collaboration entre les provinces et le fédéral alors que des mouvements importants dans les provinces, notamment au Québec, considéraient cette mesure comme un projet «communiste» et contraire à la «charité chrétienne».
    L'assurance maladie est née en Saskatchewan et a été répliquée dans plusieurs provinces par la suite. Hydro Ontario (Hydro One) est née avant Hydro-Québec. À l'inverse, le Québec a su aussi être à l'avant-garde dans de nombreux domaines. Il n'y a rien comme le «plagiat» en matière de progrès politique, social, économique et culturel.
    Il est présomptueux de prétendre qu'il n'y a qu'au Québec que les idées brillantes jaillissent, et réducteur de laisser croire que les Québécois ne devraient pas participer à l'élaboration des politiques nationales au Canada.
    Ces incompréhensions, de même que le fait que le Québec possède déjà des pouvoirs souverains, notamment en matière d'éducation et de santé, ont de quoi laissent perplexes. La question de savoir si quelque chose est «bon pour le Québec» ne relève pas de la pensée unique mais plutôt, comme partout ailleurs sur la terre, d'une vision de droite ou de gauche, enfin d'un débat d'idées pour définir le progrès. En cela, les Québécois ne sont pas différents du reste du monde.
    Mais le plus inquiétant, c'est de voir l'ancien premier ministre Parizeau se réjouir à l'idée des futures crises et confrontations que cette stratégie engendrera pour l'avancement de la cause indépendantiste.
    Voilà un ressentiment malheureusement familier et revoilà une tristement célèbre cage à homards qui refont surface. Il me semblait que les Québécois avaient déjà dit non à cela...
    L'auteur est avocat.

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